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Boko Haram en procès | Violence en RCA | La CPI et Ocampo répondent

Mouvement de protestation du Nigérian Lives Matter à Londres contre la violence de Boko Haram. © Garry Knight
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Les procès de milliers de suspects de Boko Haram se sont ouverts au Nigeria

Quelles nouvelles de la justice mondiale cette semaine ? Le Nigeria a commencé les procès de 1600 membres présumés de Boko Haram devant un tribunal spécial. La société civile a exprimé son inquiétude quant à l’équité de ces procès. Ces derniers vont en effet se tenir en secret et verront quatre juges traiter chacun des centaines de cas. L’agence des Nations-Unies pour les réfugiés a décerné le prix Nansen à un avocat nigérian qui a contribué à la libération d’un groupe d’écolières de Boko Haram.

L’ONG Amnesty International pense que ces procès sont une opportunité nécessaire pour la justice mais reste préoccupée par « le fait qu’ils se déroulent à huis-clos, n’offrant aucun accès aux médias et au public. La publicité des audiences est pourtant cruciale pour garantir le droit des individus à un procès juste et équitable ».

Le système judiciaire a-t-il la capacité d’accorder un procès équitable à tant de personnes accusées de graves infractions ? Tiennent-ils compte du fait que beaucoup de ceux qui ont commis des violences pour Boko Haram l’ont fait sous la contrainte ? Tous ces éléments sont des signaux d’alarme préoccupants en terme de stratégie globale », a déclaré Ryan Cummings, expert basé en Afrique du Sud.

Vendredi, l’armée nigériane a relâché 760 suspects de Boko Haram arrêtés au gouvernement de l’Etat de Borno pour réhabilitation et réintégration suite à leur acquittement. Les suspects qui avaient été arrêtés lors de la répression en cours dans le Nord-Est par les troupes de l’opération Lafiya Dole ont été disculpés après des interrogatoires par le Centre commun de renseignements du commandement du théâtre.

Une agence d’aide a indiqué cette semaine que la grande majorité des presque 2 millions de Nigérians chassés de leurs maisons par le conflit avec Boko Haram ne pouvaient toujours pas y revenir en raison du manque de sécurité.

 

Escalade de violence en RCA

Une nouvelle escalade de la violence en République Centrafricaine a provoqué une augmentation massive des réfugiés fuyant vers le Cameroun voisin. Les organismes d’aide des Nations-Unies luttent pour répondre aux besoins des personnes déplacées à l’est du Cameroun, la population du camp de réfugiés de Gado s'étant étendue à 25 000 personnes.

Human Rights Watch a publié un rapport détaillant comment les groupes armés en RCA avaient utilisé le viol et l’esclavage sexuel comme tactique de guerre à travers le pays durant les cinq années de conflit. 176 pages de rapport documentent 305 cas de viols et d’esclavages sexuels perpétrés contre 296 femmes et filles par des membres des groupes armés de 2013 à mi-2017.

« Les groupes armés se servent des viols d’une façon brutale et calculée pour punir et terroriser les femmes et les filles » a déclaré Hillary Margolis, chercheuse pour les droits des femmes pour Human Rights Watch. « Chaque jour, les survivants vivent avec les conséquences dévastatrices du viol tout en sachant que leurs agresseurs se promènent librement, occupant peut-être des positions de pouvoir, et ce sans aucune conséquence à ce jour ».

Amnesty International a cependant déclaré que la Cour pénale spéciale en République Centrafricaine (CRC) commençait à prendre forme. Le CRC est un tribunal hybride qui a compétence sur les violations graves des droits de l’homme et les violations sérieuses de la loi humanitaire internationale commises depuis 2003. Créé par la loi en juin 2015, ce tribunal intégrera entièrement le système juridique national, tout en disposant d’équipes et de juges nationaux et internationaux.

 

La CPI et Ocampo répondent aux allégations

L’ancien procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, a écrit une lettre ouverte à l’actuel procureur de la CPI, Fatou Bensouda, exprimant sa volonté d’aider à l’enquête de la Cour sur « les allégations basées sur des informations piratées et volées, publiées par deux collectifs de médias différents ». Les allégations rapportées relatent la conduite de Moreno Ocampo alors qu’il était procureur de la CPI et ses interactions avec la CPI dans son cabinet privé après la fin de son mandat.

Dans une déclaration la semaine dernière, le procureur Bensouda a indiqué qu’elle avait « rapporté les allégations impliquant deux membres de mon équipe au Mécanisme de contrôle indépendant disponible pour la Cour dans son cadre juridique » et qu’elle avait basé toutes ses décisions sur « ses propres déclarations d’indépendance comme l’exige son statut de procureur ».

 

Les enquêtes de la CPI

Georgie : Phakiso Mochochoko, directeur de la Division de la compétence, de la complémentarité et de la coopération au sein de la CPI, a déclaré que ni la Russie ni l’Ossétie du Sud ne coopéraient dans l’enquête de la CPI sur les crimes contre l’humanité commis en 2008 lors de la guerre en Géorgie.

Mali : le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé sa profonde préoccupation concernant les retards dans la mise en œuvre des principales dispositions de l’accord de paix entre le gouvernement du Mali et la Plateforme de coordination des groupes armés, demandant l’adoption d’un calendrier d’action.

RDC : Alors que le conflit fait rage, presque deux tiers des réfugiés congolais fuyant en Zambie sont des enfants. Jusqu’ici, 4000 réfugiés ont été enregistrés dans le camp de réfugiés au nord de la Zambie. Les travailleurs humanitaires mentionnent que les enfants non accompagnés doivent être placés dans des familles d’accueil.

Ouganda : Avec le flot de personnes fuyant le Sud Soudan pour Adjumani, les rations alimentaires du Programme mondial aux réfugiés ont été réduites de moitié. Le PAM a déclaré que cela était dû aux paiements différés.

 

Les enquêtes préliminaires

Palestine : Des milliers de femmes palestiniennes et israéliennes se sont rassemblées pour marcher à travers le désert au nom de la paix, et pour demander une solution politique au conflit qui depuis des décennies divise les deux communautés.

Afghanistan : La communauté internationale de la Croix Rouge a annoncé la réduction drastique de sa présence à Kunduz, Faryab et Balkh suite à une série d’attaques meurtrières contre son personnel. Sept membres de l’équipe ont été tués cette année.

 

Campagne pour une justice mondiale

Le bureau du procureur de la CPI a mentionné l’existence d’une pétition qui lui avait été envoyée par l’ONG HEDA sur le traitement de la minorité musulmane Rohingya. La pétition indique que les conclusions révèlent l'insensibilité des troupes militaires et du gouvernement du Myanmar.

Le Comité consultatif sur les nominations des juges de la CPI a tenu sa 6e réunion. Le Comité a entendu 12 candidats pour 6 postes de juges lors des prochaines élections de décembre.

 

Autour du monde

Le Bangladesh a annoncé qu’il allait construire l’un des plus grands camps de réfugiés au monde pour accueillir les 800 000 musulmans Rohingya qui demandent l’asile face aux violences à Myanmar.

Les Nations-Unies ont déclaré que la Mission de l’Union Africaine en Somalie était responsable du meurtre de 42 enfants l’année dernière. L’ONU a aussi accusé les forces de défenses kenyanes d’avoir tué 11 autres enfants en Somalie.

Accusé d'avoir ordonné et toléré le meurtre de milliers de civils, le président des Philippines, Rodrigo Duterte, s’est vanté d’être immunisé contre ces accusations. Ancien procureur lui-même, Duterte élève l’immunité au rang d’armure.

Irak : Avec l’Etat islamique expulsé de Mossoul après un siège prolongé, les civils commencent à revenir. La nourriture reste pourtant rare et les organismes d’aide atteignent les limites de ce qu’ils peuvent faire.