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Guinée, vers l’organisation du procès des massacres du 28 Septembre 2009

Des victimes et des activistes se sont réunis pour demander justice pour les événements du 28 septembre / © Coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale
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Écrit par la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale

Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale

Treize ans (13) après, la Guinée s’achemine vers l’organisation du jugement des crimes du stade de Conakry commis le 28 Septembre 2009 sur des civils lors d’un rassemblement pacifique des forces vives de l’opposition contre une éventuelle candidature du Capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte et Président du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) à l’élection présidentielle de 2010. 
 
Selon le rapport de la commission d’enquête des Nations-Unies, les crimes commis le 28 septembre 2009 et les jours suivants sont assimilables à des crimes contre l’humanité car en plus du bilan de 157 civils tués, 89 guinéens sont portés disparus, 109 femmes ont subi des violences sexuelles, des milliers de blessés, des centaines de détenus torturés dans des camps militaires et des pillages de biens privés. 
 
Si la Guinée est réputée pour la violence d’Etat qui a caractérisé les différents régimes qui se sont succédés depuis son accession à l’indépendance, le 2 octobre 1958, et une impunité totale des violations des droits de l’Homme, les crimes du 28 Septembre 2009 qualifiés de crimes contre l’humanité ont placé le pays en situation d’examen préliminaire par le Bureau du Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI).


 
Le 8 Février 2010, la justice guinéenne ouvrait une enquête pour établir les responsabilités sur les crimes commis le 28 Septembre 2009 à travers la mise en place d’un pool de juges d’instruction composé de trois (3) magistrats. 
 
Après toutes les enquêtes et tous les recours judiciaires exercés par les différentes parties par devant les cours et tribunaux, treize (13) accusés militaires et civils ont été renvoyés devant le tribunal criminel de Dixinn pour être jugés. 
 
Force est de reconnaitre que si la justice guinéenne en toute indépendance a œuvré pour que les crimes du 28 Septembre 2009 ne restent pas impunis, la Cour Pénale Internationale à travers le Bureau du Procureur (BDP) a joué un rôle prépondérant pour pousser l’Etat guinéen à respecter ses engagements conformément au Statut de Rome du 17 juillet 1998. 
 
Il faut également rappeler qu’environ une vingtaine de missions ont été effectuées par le Bureau du Procureur de la Cour Pénale Internationale en Guinée afin que le procès des massacres du stade de Conakry se tienne dans le cadre du principe de la complémentarité. 
 
La Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale s’est réjouie de la programmation du procès des évènements du stade, au 28 septembre 2022, par le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Mr Alphonse Charles Wright, lors d’une rencontre officielle entre son département et les représentants légaux des victimes le vendredi 16 septembre 2022. 
 
Cette décision apporte la joie aux victimes des massacres du stade de Conakry qui ont toutefois demandé au Ministre Alphonse Charles Wright à ce que leur sécurité soit assurée. 
 
Le procès des massacres du stade de Conakry permettra aux victimes de savoir quels sont les auteurs et complices de ce qui s’est passé le 28 septembre 2009, pourquoi les forces de défense et de sécurité censées protéger les populations ont tiré, à bout portant, sur des civils dans un stade fermé. 
 
Les réponses à ces questions permettront aux victimes de faire leur deuil pour qu’enfin les âmes perdues reposent en paix et pour que plus jamais ça en République de Guinée. 
 
Un tel procès permettra non seulement de lutter contre l’impunité en Guinée, mais également de redorer le blason de la justice guinéenne. 
 
Enfin, réussir un tel procès servira d’exemple de complémentarité, comme prévue par le Statut de Rome, et les efforts consentis par le Bureau du Procureur de la Cour Pénale Internationale, pendant ses treize dernières années, ne seront pas vains.  
 
C’est par la justice aussi que se réalisera la réconciliation, car comme le disait Desmond Tutu, il n’y a pas d’avenir sans pardon et il n’y a pas de pardon sans justice.